Naomi Osaka peut être aussi discrète qu’engagée. Très concernée par certains combats sociaux et sujets propres au milieu du sport, quand la jeune Japonaise fait une annonce, elle frappe aussi fort que dans la balle. 

En août 2020, elle avait déjà soutenu le mouvement Black Lives Matter en refusant de poursuivre la demi-finale du tournoi de Cincinnati. L’actualité américaine était brûlante, suite aux tirs de trois policiers sur le noir américain Jakob Blake quelques jours auparavant. Naomi Osaka, révoltée, avait alors fait un communiqué sur ses réseaux sociaux, qui n’avait pas tardé à faire réagir l’ATP, la WTA et l’USTA. 

Les différentes fédérations avaient, en réponse, pris la décision de suspendre les matchs pour la journée qui se profilait. Ailleurs aussi, la décision trouvait son propre écho : sur les parquets de la NBA, où les Milwaukee Bucks avaient refusé de disputer leur match de playoffs face au Magic d’Orlando, ou encore sur les gazons de la MLB (Ligue majeure de baseball) où des matchs se sont également trouvés annulés. 

Cette fois-ci, Naomi Osaka a annoncé son boycott des conférences de presse lors du tournoi de Roland-Garros, qui débute lundi prochain (du 31 mai au 13 juin). Par ce refus, la joueuse souhaite mettre en lumière le soucis de la santé mentale au sein du sport de haut niveau. Pression sur l’obtention de résultats, relations avec la presse qui appuie d’autant plus fort, là où ça fait mal, instillant le doute dans le mental des compétiteurs.

« J’ai vu beaucoup d’athlètes craquer devant la presse. Et je pense que ces situations reviennent à enfoncer quelqu’un alors qu’il est déjà à terre […] j’ai souvent eu l’impression que les gens ne prenaient pas en compte la santé mentale des athlètes et cela semble évident à chaque fois que je vois une conférence de presse ou que j’y participe. »

— Naomi Osaka

Ce refus ne sera pas sans conséquences. Dans ne nombreux sports, comme en NBA par exemple, les athlètes ont l’obligation, à l’issue des matchs, de s’exprimer en conférence de presse. En ne se soumettant pas à cet exercice, la joueuse s’expose à des amendes de sa fédération, à l’image du joueur des Nets de Brooklyn, Kyrie Irving, qui a déjà payé des dizaines de milliers de dollars pour s’être soustrait à ce devoir. 

En réponse à cette mesure, la Japonaise a été proactive, déclarant qu’elle espérait que ces amendes – en général très salées – iront à des associations qui œuvrent pour la santé mentale. La boucle est bouclée.